Quand j’avais 14 ans, on faisait la manche dans la rue piétonne de Meaux avec mes petits camarades.
« J’ai oublié ma carte de bus, je peux pas rentrer chez moi ! ».
Ça marchait moyen.
Les bons jours, on se payait une grande bouteille de Jeanlain ambrée, sinon c’était Kro, voire Valstar.

Pour optimiser la manche, et aussi parce qu’on aimait dessiner des bd, on s’est mis à faire un fanzine. Comme j’étais fan de punk authentique de 1977 (un peu comme Enid, le personnage de Ghost World), il s’appelait « I FOUGHT THE LAW », en hommage au groupe THE CLASH.
On vendait pas bésèf mais si on arrivait à en vendre un ou deux, on était sûrs de pouvoir se payer de la Jeanlain, voire même des cocktails supers chics type « calimucho » (coca + pinard) ou encore du trichloréthylène pour le sniffer.
On s’embourgeoise vite quand on a de l’argent.
On consommait tout ça au Marcadet de la Noue, une allée sordide située derrière la synagogue, jonchée de seringues et de capotes usagées.

Un jour, au Marcadet de la Noue, c’était mon anniversaire et j’ai bu du rosée tiède avec une bande d’inconnus, avant d’aller au cours de maths de
Madame Dicesare qui m’humilia en hurlant que je finirais chômeur, quand je lui ai dit que je voulais devenir dessinateur (finalement je suis pire que chômeur, je suis artiste-auteur).

Ici, on voit Joe Strummer, leader de The Clash, arborant une temporaire coupe iroquoise. On ne va pas se mentir il était quand même assez sexy.
Moment cinégénique : dans le docu-fiction «RUDE BOY » (Jack Hazan/David Mingay 1980) quand Ray, l’ingénu héros du film, l’interroge sur l’inscription que porte son t-shirt, « BRIGADE ROSSE », Strummer lui répond « It’s the name of a pizza restaurant ! ».
#illustration #drawing #ink #greytones #portrait #joestrummer #theclash #punkrock