La CNIL vient de publier sa position sur la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Faisant suite à une consultation publique, ses conclusions échouent à prendre la mesure du danger de ces technologies qui se déploient massivement dans nos villes
Refusant de cautionner une initiative visant à « accompagner » l’évolution de cette technologie pour les besoins de l’industrie, nous avions choisi de proposer une contre consultation pour recueillir les avis et retours des citoyens sur la VSA.
Si les 175 contributions citoyennes que nous avons envoyées avec notre propre position ont bien été reçues par la CNIL, elles ne semblent pas avoir été prises en compte, tant sa position finale est proche de son projet initial et livre les mêmes analyses décevantes.
Pour rappel, les dispositifs de VSA consistent à faire de l’analyse vidéo de nos corps dans l’espace public, mais aussi privé tel que dans les supermarchés. Nous revenions en détail sur son fonctionnement et l’état des lieux de son déploiement en France.
https://www.laquadrature.net/2022/03/23/quest-ce-que-la-videosurveillance-algorithmique/
Allant de la détection de « comportement suspect », au « maraudage » ou encore au « dépassement d’une ligne », la VSA renforce la croyance selon laquelle la technologie serait l’unique moyen d’assurer la sécurité et conduit au final à marginaliser des populations vulnérables.
Alors que nous donnions à la CNIL les éléments politiques pour échapper à ce faux débat, celle-ci continue de considérer la recherche d’infraction comme un cas d’usage légitime et se défausse derrière une analyse au cas par cas.
https://www.laquadrature.net/2022/04/01/pourquoi-sopposer-a-la-videosurveillance-algorithmique/
De la même manière, la CNIL refuse - comme nous lui demandions - de qualifier ces dispositifs de traitements de données biométriques alors qu'ils bénéficient en droit d'une protection particulièrement forte qui impliquerait l'interdiction de la VSA.
Plutôt que d’utiliser le droit existant pour exiger l’arrêt du déploiement de la vidéosurveillance algorithmique, la CNIL appelle au contraire à discuter un nouveau texte, laissant la porte ouverte à un changement de paradigme dans la protection de notre vie privée.
Par cette démarche, elle donne ainsi une caution politique et juridique aux décideurs et industriels qui demandent de longue date une évolution législative afin de pouvoir mettre en œuvre ces technologies le plus rapidement possible, notamment lors des Jeux Olympiques de 2024.
Pour continuer à dénoncer la VSA et démontrer notre opposition collective, rejoignez la plainte contre le ministère de l’intérieur qui attaque les algorithmes de la police, la vidéosurveillance et le fichage sur plainte.technopolice.fr