Dans une longue enquête sur le génocide des Juifs durant la seconde guerre mondiale, le réalisateur Alexandre Szombati a retrouvé de hauts responsables nazis et d’anciens bourreaux des camps. Certains ont accepté de lui parler. Le « diplo » l'avait publié en mars 1988.
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Extrait d’un échange entre le réalisateur et Othmar Trenker, commandant adjoint de la Gestapo à Munich.
En mars 1944, ce dernier fut chargé d’arrêter tous les hommes connus pour leur hostilité à Hitler en Hongrie et de les déporter en Allemagne. ↓
Alexandre Szombati : Depuis 1940, vous vous trouviez en Pologne. Vous avez donc tout vu. Ainsi avez-vous assisté au traitement infligé à la population juive. Avez-vous vu fonctionner les chambres à gaz à Treblinka ou à Auschwitz ? ↓
Othmar Trenker : Non. Pourquoi cette question ? ↓
Alexandre Szombati : Parce que certains « historiens » mettent en doute l’existence des chambres à gaz. ↓
Othmar Trenker : J’en ai en effet entendu parler. C’est pure débilité mentale. En ce qui me concerne, je n’ai rien eu à rechercher dans les camps d’extermination, j’ai constamment vu fonctionner les camions que nous appelions les « chambres à gaz roulantes »... ↓
... Je n’ose pas mentionner de chiffres, mais il ne fait aucun doute que des dizaines de milliers de personnes sont passées de vie à trépas par ces camions. Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux étaient entassés dans ces véhicules hermétiquement fermés... ↓
...Lorsqu’ils roulaient, le gaz introduit infligeait à ces gens une mort atroce. ↓
Alexandre Szombati : En mars 1944, quand votre organisation procéda à la déportation en masse des Juifs hongrois, vous n’aviez aucun doute quant à la destination de ces gens, c’est-à-dire les chambres à gaz ? ↓
Othmar Trenker : À question précise, réponse précise. Je n’ai jamais nié le rôle que j’avais joué dans la Gestapo. Chargé de l'élimination de l’ennemi politique, je ne me suis pas occupé de la question juive... ↓
Celle-ci était du ressort d’Adolf Eichmann. Cela dit, je n’avais aucune raison de douter de la parole de ce collègue qui, tout en nous révélant la destination des transports, nous rappela l’ordre strict de camouflage... ↓
...À toute question nous devions répondre que les « évacués » allaient « travailler » et ainsi « contribuer à l’effort de guerre allemand ».
Notre devoir était de démentir catégoriquement les fausses rumeurs de la radio anglaise concernant les prétendus camps de la mort… ↓
Issu d'un encadré de notre Manière de voir #199 « L'antisémitisme et ses instrumentalisations ».
À retrouver en kiosques
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/199/