Comme beaucoup de collègues, j'ai investi pas mal de temps sur Twitter, notamment pour communiquer sur les rapports du GIEC. Mais depuis presque un an, le nombre de comptes conspirationnistes et climatosceptiques a explosé, de sorte que l'information factuelle se retrouve noyée dans un flot de bêtises, d'insultes et de manipulations.
Ce phénomène a été analysé par David Chavalarias et son équipe du CNRS. Selon leur étude, cette désinformation serait organisée depuis l'étranger, probablement dans le but d'amplifier les divisions des démocraties et de retarder la décarbonation de l'économie, défavorable aux intérêts du Kremlin. Ultérieurement, ce sont de nombreux comptes plus ou moins manipulateurs ou manipulés qui font le reste.
https://lejournal.cnrs.fr/articles/climatosceptiques-sur-twitter-enquete-sur-les-mercenaires-de-lintox
Une consequence de cette radicalisation sur Twitter est que de plus en plus de collègues quittent la plate-forme, notamment pour Mastodon ou LinkedIn. D'autres restent, arguant que Twitter, même gérée par Elon Musk, reste le moyen principal d'interagir au delà de la sphère scientifique, notamment de nombreux médiateurs scientifiques, souvent bénévoles, et avec des journalistes.
Je pense que la partie est perdue d'avance sur Twitter: tout le monde a pu constater que l'algorithme favorisait les comptes conspirationnistes, climatosceptiques et d'extrême droite. Par conséquent les gens qui cherchent juste à partager leurs connaissances ou à en acquérir de nouvelles sont de plus en plus exposés à la désinformation. A ce petit jeu, il n'y a rien à gagner, sauf bien sûr pour Elon et ceux dont il veut bien promouvoir les idées.
L'avenir que j'imagine pour Twitter, c'est un lieu où les trolls conspirationnistes perdent leur temps à se prendre la tête avec des robots.
Ainsi la plate-forme aura retrouvé une utilité sociale.
Mais en attendant, il y reste beaucoup de vrais gens. A ceux là je pense qu'il faut envoyer un message clair: si pensez que ce que nous disons est intéressant, alors vous pouvez nous retrouver ailleurs - et notamment en ce qui me concerne sur Facebook, LinkedIn et Mastodon.
Bonne journée à tous.