Le nombre de gens (et notamment et surtout de collègues) qui voient des faux partout et des faussaires diaboliques dans tous les coins, cela dit tant de nos attentes et de nos méfiances paranoïdes.
Je me dis que je l'ai déjà fait à plusieurs reprises quand même, ces dénouages de nœuds gardiens. La rente en 95-96, les écritures ordinaires en 2013-14. Mais ici c'est l'horreur parce que le cadre est beaucoup plus large dans tous les sens, que plein de gens ont déjà raconté leur vie sur l'écrit aux 10-12e s., que j'ai un syndrome de l'imposteur épouvantable au milieu de cette piscine-là...
Le plus sain serait que j'accepte que je ne puisse pas tout renouveler et tout clarifier, tout mettre à plat tout seul. Mais allez raconter cela à mon inconscient, ma curiosité, mon égo, mon ambition et mon enthousiasme.
Alors quand Florian M dit qu'il y a un premier et puis un second Moyen Age eh bien comment dire... non, ça ne marche pas. Il y en a au moins trois et celui du 10-12e s.est le plus diffus ou confus.
Difficile d'expliquer la souffrance de l'écriture quand on est au milieu d'un des chapitres les plus durs que j'aie jamais écrits. Je suis entre 950 et 1200 en Europe occidentale, dans le monde de l'écrit. Et c'est le BORDEL. Se dépêtrer d'un ensemble d'idées d'hypothèses, de réflexions toutes faites dans un monde où tu as l'intuition écrasante que rien ne se passe nécessairement comme cela devrait ou comme on l'a imaginé.
Claro: "non pas bêtement finir en fagot roussi mais tenter par des moyens nouveaux de se faire un corps, un corps moins labile que celui qu'on sait repu d'organes, un corps où s'articulent autrement les os du langage, et qui serait, sinon un livre, un livre vain, du moins sa tentation,"
C'est ma vie.
Et une petite réunion avec la directrice de l'Academia Belgica qui débouche sur plein d'idées de recherches et de collaborations. Cela va être bien. Diplomatique comparée méditerranéenne, colloque cartulaires, publications, hébergement de doctorants et postdocs. "La plus prodigieuse cité de l'univers, Rome".
Pour résumer très brutalement: l'auteur de la recension pense que les auteurs de Bright Middle Ages, sous couvert de défendre la vision d'une nouvelle Europe médiévale, vision connectée et ouverte aux femmes et aux minorités -sous ce paravent donc-, défendraient (inconsciemment?) la vision d'un Moyen Age façonnée par un imaginaire blanc et chrétien. Je schématise évidemment. Je pense que c'est une recension à lire par les historiens et historiennes en Europe.
Mais c'est aussi l'occasion de critiques impressionnantes comme celle de M. Rambaran-Olm. Celui-ci vient de voir sa recension refusée par la prestigieuse Los Angeles Review of Books. Il a tout sorti sur Twitter. Mais je préfère lancer (éventuellement) la discussion/réflexion ici à partir de sa recension fort intéressante d'un point de vue culturel, social, politique mais aussi historiographique. Voici: https://t.co/VEvR7ohtVF
Aux USA est paru il y a quelques mois une synthèse grand public (publiée par des spécialistes) sur le Moyen Age: "The Bright Ages". De manière surprenante on n'en voit aucun écho en Europe continentale. https://rmblf.be/2022/01/11/publication-matthew-gabriele-et-david-perry-the-bright-ages-a-new-history-of-medieval-europe/
Pourtant, cela mériterait de vraies discussions. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est un grand succès et on en parle beaucoup.
Nous sommes dans ce que les expats appellent pompeusement "Chateaubriand" voire "Chateau" ou "Chatô". Les différents sites scolaires français qui accueillent les enfants de 3 à 18 ans. Des endroits de rêve. École Française, école privée... des lieux un peu magiques. Les enfants y sont heureux. Ca me suffit.
Nous sommes sur le site de la villa Borghese à Rome. Derrière l'academia belgica. C'est ma fille qui empêche les chercheurs belges de faire la grasse matinée par ses cris.
Médiéviste, historien, belge mais pas que.
Sur Twitter sous le même pseudo
A la fac parfois mais pas ce semestre
A l'Ecole Française de Rome pour bronzer sous les combles du palais Farnèse
Devant mon clavier pour rédiger un truc sur le faux au Moyen Âge