L’HEURE DES LEURRES
je me suis encore perdu
chaque nuit je me perds et pars à la dérive
chaque nuit j’emprunte des routes qui s’ingénient à me leurrer
chaque nuit je pars à ta rencontre mais je ne te rejoins jamais
ce n'est pas une vie mon amour ce n’est que l’envers d’une vie
ce n’est pas un amour ma chimère ce n’est qu’un silence à couvrir
et ce n’est pas la nuit non plus
ce n’est qu’un peu de terre sur les yeux
Merci le Gorafi, mais en vrai, je suis loin d'être aussi mignon :
Je lui dois mes plus belles découvertes musicales de ces deux dernières années : merci à Jehnny Beth et longue vie à Echoes…
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018561/echoes-with-jehnny-beth/
Depuis quelques ours, quelque chose ne va plus. Mes écrits sont parsemés d'un argon incompréhensible, de mots incongrus qui semblent aillir à mon insu, qui s’aoutent à ma prose au point d’en détourner le sens. Ceci dit, à bien y réfléchir, sont-ce vraiment des aouts ?
’ai plutôt l’impression d’un manque. Mais un manque de quoi ?
EN ROUTE
tu n’iras pas bien loin
avec tes valises trop pleines
avec l’oiseau de tes frayeurs perché sur ton épaule
et tous ces souvenirs déchus qui ferment ton horizon
tu iras où tu peux
avec ce que tu as sans ce que tu n’as pas
qu’importe la destination tu iras où tu vas
ce sera toujours mieux que de rester planté
dans le terreau qui t’a vu naître et végéter
naître sans être tout à fait
naître et te croire mort
DVD, 4 mars 2021.
(Erratum : ce n'est pas le 21 janvier 2021, ni le 21 janvier 2026, mais le 26 janvier 2021 que ce texte a été écrit.)
IL Y A
il y a ce fragment de tissu que tu lisses distraitement
il y a cette vieille rengaine qui s’échappe de tes lèvres
il y a cette pluie sèche au goût de sable ou de cendre
il y a ces mots précieux que l’usage n’a pas retenus
personne
il n’y a personne
dans la chambre personne
à la fenêtre personne
dans le son de ta voix sur l’écran de tes yeux
personne
DVD, 21 janvier 2021.
PEUT-ÊTRE SÛREMENT
voilà que peut-être je vous rencontre
voilà que vous me rencontrez sûrement par hasard
ou peut-être que non
voilà qu’une conversation s’engage
mais de quoi parlons-nous
sûrement de choses et d’autres
peut-être d’une seule chose
toujours est-il qu’au moment de nous séparer
au moment de la dé-rencontre
peut-être
sûrement
ne sommes-nous plus tout à fait les mêmes
LE BUREAU DES OUBLIS
Qu’advient-il de nos pas dans la neige
des âmes perdues que personne ne réclame
des êtres et des choses qui sortent du cadre
de l’air que nous ne respirons plus
des chiens qui sont partis errer ailleurs
des peaux mortes de nos vies cicatrisées
de chaque jour chassé par le suivant
qui prend soin de nos souvenirs
quand l’averse les dilue
quand la crue les emporte ?
DVD, 16 janvier 2021.
Merci à @bortzmeyer qui m'a permis de découvrir l'excellent hébergeur flounder au détour d'un de ses commentaires de l'article suivant :
https://framablog.org/2020/12/30/le-web-est-il-devenu-trop-complique/
Je viens de créer une « capsule » Gemini et j'ai commencé à la remplir de textes :
Version (provisoirement ?) définitive publiée sur mon gemlog :
gemini://gemlog.blue/users/dvd/1610375079.gmi
ou
https://proxy.vulpes.one/gemini/gemlog.blue/users/dvd/1610375079.gmi
(2/2)
parce qu’à force d’aller sans savoir où l’on va
il faut bien qu’à un moment ou un autre
les ressources s’épuisent
la fatigue s’installe
il faut bien qu’à un moment donné
on soit obligé de reconnaître
qu’on ne va plus droit
qu’on va-comme-je-te-pousse
bref
qu’on ne va pas bien
—————
DVD, aujourd’hui.
JE VAIS
(1/2)
je vais
je ne sais pas comment je vais
ni où je vais
mais je sais que je vais
où je vais
vous me le direz peut-être
au cas où vous m’attendriez
sur le quai d’une gare ou au fond d’une impasse
mais si personne ne m’attend
si ce « vous » que j’apostrophe n’a pas de visage
alors je continuerai d’aller
jusqu’à ce que la question du « comment » devienne primordiale
LA NUIT LES MOTS
Cette nuit, des mots ont frappé à la porte de mon sommeil. Je ne me suis pas réveillé. Je les ai écoutés, engloutis, digérés, assemblés, très patiemment tissés en longues phrases qui, dans l’improbable vérité du rêve, m'ont semblé prodigieusement pertinentes. Mais je ne me suis pas réveillé. J'ai laissé la nuit poursuivre sa besogne, la nuit et ses tendres, méticuleux traits de gomme.
Toc, toc, toc. Ce matin, voilà les mots qu'il me restait.
DVD, 2020.
J’ai vu de la lumière, alors je suis entré.
J’ai rencontré des gens sympas, alors je suis resté.